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Le long des rails

 

Je cours après le jour, je cours après l’espoir,
Mon regard alerte scrute le long chemin,
Mes jambes enragées le foulent jusqu’au soir
Et mes poings contractés assurent mon destin.

Mais la mer lentement s’agite, et une vague
Surgit dans la nuit, renverse les bateaux,
Emplis d’hommes que misère et colère endiguent ;
Les flots me surpassent, m’attrapent de leurs crocs.

Je nage après le beau, je nage après la vie,
Mes bras sortent de l’eau et s’en vont fendre l’air,
Mon visage émerge de sous les flots, réjoui,
Secouru de l’abysse, et de ses artères.

Mais des étincelles jaillissent sur la route,
Et le feu crépite sous mon regard, envieux
De courir sur la terre, les flux, et la voûte,
De courir sur ma peau, mes lèvres et mes yeux.

Je vole après le Ciel, je vole après les astres,
Mes jambes en réchappent, mes bras sont intacts
Mes mains chassent le vent, m’éloignent du désastre,
Enfin, mes muscles engourdis se décontractent

Mais l’air devient très lourd, empeste le poison,
Intoxique mon corps, brûle toute ma chair
Me fait chuter du zénith et de l’horizon
Pour mieux me consumer, étreindre mes viscères.

Je plonge vers le sol, je creuse après l’aurore,
J’aspire à plein poumons des litres d’oxygène,
Mes ongles fouillent, grattent, frottent mes remords,
Et j’expulse de mon corps ma furieuse haine.

Mais la terre s’ouvre, ô, misère ! La Terre
Se débonde, la Terre si belle se meurt,
Des secousses me parviennent, et la rivière
Refoulée risque de déborder, ô malheur !

Je cours, je nage, je vole, je creuse, vite !
Je n’ai plus assez de temps pour enjoliver
Mes paroles et mes cris, ma prose hypocrite,
Il faut à présent fuir, jamais se retourner,

Courir après l’espoir, courir après la vie,
Vite, vite, je cours, je trace mon chemin
Au travers des couteaux, des champs et des soucis,
Très loin devant le train, derrière le vaccin.

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